Téléconsultation

Les conséquences du coronavirus sur la téléconsultation

Moins de 2 ans après sa mise en place officielle, la téléconsultation est au coeur des débats. Pour lutter efficacement contre le coronavirus, le Gouvernement a décidé de faciliter l’accès aux consultations à distance. La téléconsultation constitue un renouveau de la pratique médicale : face à cette situation inédite, elle est une solution efficace pour maintenir la distanciation sociale et les gestes barrières. Mais comment l’épidémie a-t-elle agi sur le phénomène de la téléconsultation ? Cette dernière constituera-t-elle un mode privilégié de consultation à l’avenir ? 

Un décret qui signe l’assouplissement des conditions de téléconsultation

Le 10 mars 2020, un décret visant à faciliter les démarches de téléconsultation est publié dans le Journal Officiel. Pour le ministre de la Santé, Olivier Véran, cette étape est indispensable afin de limiter les déplacements liés aux rendez-vous médicaux et garantir aux citoyens une expertise médicale en cas d’urgence. Ce décret, prévu initialement pour durer jusqu’au 30 avril 2020, s’attarde principalement sur un point clé des conditions de téléconsultation : la relation obligatoire entre patient et médecin traitant. 

En effet, depuis la mise en place officielle de la téléconsultation à la fin de l’année 2018, le patient avait pour obligation de prendre rendez-vous avec son médecin traitant. Pour que le rendez-vous soit possible, le patient devait justifier d’une consultation avec ce même médecin au cours des 12 mois précédents. Face au Covid-19, un assouplissement des modalités a vu le jour : 

  • Levée de l’obligation mentionnant que la consultation doit être faite par le médecin traitant 
  • Possibilité de consulter via des applications telles que Facetime ou WhatsApp 
  • Pas de nécessité d’avoir vu au moins une fois le médecin traitant 12 mois avant la consultation 
  • Délivrance des ordonnances et des arrêts hors parcours de soin avec médecin traitant

Ces nouvelles conditions d’accès à la téléconsultation ont eu pour effet d’inciter les Français à passer par les canaux technologiques et digitaux pour recevoir un avis médical. 

Une augmentation considérable du nombre de téléconsultations

Dès la deuxième semaine du confinement, le nombre de téléconsultations a augmenté par 6. Entre le 23 et le 29 mars, près de 487 000 téléconsultations se sont déroulées, soit plus que toutes celles effectuées depuis l’instauration de la téléconsultation remboursée. 

Pour l’Assurance Maladie, le phénomène est expressément lié à la situation actuelle. Car si les téléconsultations représentaient environ 1 % des consultations avant la crise du Covid-19, elles se situent aujourd’hui au nombre de 11 %. 

Une croissance des téléconsultations qui va de pair avec la généralisation du processus chez les médecins généralistes. En effet, durant cette même période, ils sont environ 44 % à avoir effectué une téléconsultation. Médecins généralistes, libéraux ou non, ont dû s’accommoder de ces nouvelles conditions de consultation. Pour beaucoup d’entre eux, l’expérience est nouvelle. Mais le nombre de demandes devenant trop important, il a fallu gérer l’urgence en même temps que la nouveauté. 

La téléconsultation est une réponse efficace aux besoins actuels. Le climat sanitaire étant fragile, les consultations à distance constituent une solution de prise en charge sans déplacement nécessaire. 

Des mesures exceptionnelles pour des consultations aux motifs divers

Concernant les motifs de la téléconsultation, ils se sont élargis grâce au décret du 10 mars 2020. Auparavant, les rendez-vous médicaux à distance étaient reliés au suivi des patients souffrant de maladies chroniques ou de pathologies légères. Désormais, la téléconsultation étend son champ d’action : 

  • Téléconsultation par médecin pour les patients présentant les symptômes de l’infection, indifféremment du parcours de soin préconisé. 
  • Remboursement des téléconsultations opérées par les sages-femmes 
  • Séances de préparation à la naissance et à la parentalité effectuables par vidéotransmission et remboursables. 
  • Assistance d’IVG médicamenteuses 
  • Consultation par téléphone pour les patients n’ayant pas une bonne connexion Internet ou un smartphone. Les personnes âgées de plus 70 ans, les femmes enceintes et les patients suspectés ou atteints par le coronavirus, peuvent également passer par un système de consultations téléphoniques. Elles sont remboursées au même titre que les consultations classiques ou les téléconsultations avec vidéotransmission. 

Pas de changements côté paiement

Si le fonctionnement est différent, les modes de paiement et le montant restent inchangés. Ainsi, le tarif d’une téléconsultation n’est pas plus élevé ou moindre que celui d’une consultation de visu, en cabinet, à domicile ou au sein d’un établissement de santé. Le montant d’une téléconsultation s’élève à 25 euros et les moyens de règlement sont définis par le médecin (chèque, paiement en ligne, tiers-payant…). 

Du côté de l’Assurance Maladie, elle a décidé de prendre à 100 % en charge les frais de téléconsultation durant cette période exceptionnelle. Habituellement, la prise en charge s’élève à hauteur de 70 %, pareillement aux consultations médicales classiques. Depuis le 15 septembre 2018, le système de remboursement permet aux patients de bénéficier d’une assistance médicale sans avoir à quitter leur domicile. Une alternative aux rendez-vous physiques intéressante et surtout plus sûre au vu de la situation actuelle. 

Reste à savoir si, une fois l’épidémie passée, ce mode de consultation sera devenu plus familier aux patients et aux médecins. Les prémisses d’une nouvelle relation à la traditionnelle consultation médicale semblent doucement apparaître…